Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rêvasseries

  • Conditionnée à faire

    Je suis étendue et j'attends. J'attends que quelque chose se passe. J'attends que le temps passe. J'attends que rien n'arrive. Et ça n'arrive pas. Ceci n'est pas triste ni choquant, c'est universelle. Il est 5h57, j'essaie de ne pas sortir du lit. Je mets à contribution toute ma volonté qui n'est pas rien quand même. Je n'ai rien de spécial à faire, pas de rendez-vous 

    J'ai beau peser une tonne, me dire que debout ou couché je n'occuperais pas plus ou moins d'espace, il est dans l'ordre naturel des choses de s'auto expulser du lit le matin. La force de gravité s'inverse par je ne sais quel mécanisme. Je bouge sans l'avoir décidé.

    Je n'ai aucune volonté et je me retrouve debout en train de faire mon lit. Un vrai gâchis, conditionnée à faire. J'essaie de m'écrouler quelque part le plus rapidement possible. Ça ne s'écroule pas. L'expression se pogner le beigne l'explique bien, on essaie de ne rien faire par une action.

     

  • Rechute

    Chuter à nouveau. Comme à chaque fois que je crois être debout et que finalement...  quand il y a plus de matière sous moi qu'au dessus je peux dire que je suis debout. Quand la matière est au dessus c'est que je suis en mauvaise posture. Si la matière n'est nulle part c'est que je rêve quelque part. Essayer de me relever sans comprendre ma posture est impossible....  Suis-je déjà debout? 

  • Ou êtes vous?

    Quelqu'un pourrait me parler de lui? Sans faire l'analyse de quelque chose d'autre. Sans superposer le monde. Juste lui. Comme un bébé. Quelqu'un pourrait être lui? Est-ce qu'il y a quelqu'un quelque part? Est-ce que je pourrais faire la connaissance de quelqu'un? Un seul! Ne me parlez pas de politique, cuisine, mode, religion, sexe. Dire aux autres quoi faire, comment penser je n'en peux plus... les arbres savent comment être des arbres. 

  • les bretons

    la vieille

    C'était une petite chapelle toute croche toute vieille. Avec de l’herbe qui pousse entre ses pierres.  De l’herbe forte qui la sort de ses fondations.  Avec des fenêtres timides et sombres qui ne regardent personne. Et un clocher qui cloche.  Toute vieille la vieille. Toute croche la croche. Pourtant, des milliers de visiteurs tournoient autour chaque jour. Plus elle vieillit plus ça tourne autour. Je pourrais en dire  de tout ce que j’ai vu en Bretagne. Des pierres des roches comme l’esprit des gens. Des gens indélogeables mais friables. Avec de l’herbe qui leur pousse entre les orteils. Et des dents de granits impolies. Cachés derrières des portes. Des villages entiers de porte fermées.

    Une chance qu’il y a la mer. Plus folle que jamais. Indomptable et impertinente.

  • À mon âge vous savez!

    J'étais docteure en exagération des phénomènes de la vie. À 3 ans j'avais tué 7 monstres. À cinq ans j'avais couru à 100 milles à l'heure. À 7 ans j'avais embrassé 20 garçons. À 12 ans j'avais attrapé un poisson de 8 livres.

    Maintenant à mon âge je construits des phrases avec moins de mots. Je marche avec des plus petits pas.

    Ça va moins vite et c'est moins vrai.

  • Le silence aussi.

    Pourquoi parler du printemps? Il n'arrive pas, et puis? Il a raté son rendez-vous du 21, ça arrive à tout le monde. Il laisse la neige s'accumuler dans ma cours, alors?

    Faire les choses autrement de temps en temps, une fois par jamais, ça change. Ça donne le goût de voyager plus loin que le calendrier. Ne me parlez plus de lui. 

    J'habite sur une montagne. Je ne voudrais pas vivre ailleurs. C'est une drogue l'espace.

     

    Le silence aussi.